Visites des classes dédoublées (GS, CP, CE1 des écoles situées en réseau d’éducation prioritaire) : stop aux injonctions !

– La mise en place de ces dispositifs s’est traduit par de possibles visites de ces classes dans le but, sur le papier, d’accompagner les collègues.

– Selon les circonscriptions, cet accompagnement se traduit plus par des injonctions et des "commandes" ciblées que par une réelle confiance en leur professionnalité - énoncée mais déniée par ce type de pratique « managériale » - et au respect de leur liberté pédagogique : penser, concevoir et mettre en œuvre leur métier. Les enseignants ne sont plus envisagés comme des concepteurs mais comme des exécutant.es.

– Alors que les conditions de travail des collègues se dégradent de manière continue, des IEN maintiennent sur ces classes un protocole de visites de classes lourd conforme au vademecum Blanquer de 2019, sur des points de programme.

– A mille lieues d’une pratique du métier de plus en plus complexe due notamment au manque de moyens attribués à l’inclusion croissante d’élèves avec des troubles importants et à la scolarisation des élèves allophones…

– Des équipes de circonscription sont très fortement mobilisées durant plusieurs semaines, entraînant là aussi surcharge de travail et positionnement parfois difficile face aux équipes.

– Même si le vademecum de 2019 précise « Les visites et accompagnements doivent être présentés et conçus comme des opportunités à saisir pour faire évoluer la professionnalité et non comme un simple contrôle de conformité. Elles ont pour vocation, en toute bienveillance, de réexaminer et de faire évoluer les pratiques de classe au regard des résultats des élèves. ... » personne n’est dupe, s’agissant de visites de classes de collègues souvent expérimentés et qui ont bénéficié de nombreuses formations modelantes ces dernières années. D’autant que l’objectif est clairement affiché : « L’inspecteur de l’éducation nationale, se donne comme objectif de concrétiser la plus value de la mesure classes dédoublées. »

– SELON les circonscriptions, la charge de travail demandée peut être nettement trop conséquente : réunions en visio en amont, préparation des séances selon des attendus très précis et injonctifs, des observations de classe aussi longues que pour des rendez-vous de carrière, assorties de temps d’échanges le soir ou entre midi et deux, des références directes à consulter les guides des "fondamentaux", la mise en œuvre d’un enseignement explicite ...

– "Visites conseils" dites-vous ?!

Et tout cela sur quel temps ?! Les heures dues et fléchées pour les conseils de maître ou de cycle restent indispensables dans la vie de l’école. Et clairement les 108h explosent pour toutes et tous.

– Il est aussi parfois précisé que ces visites pourront être effectuées par les CPC ou l’IEN lui même, en présence du directeur, pilote pédagogique de l’école.

– Depuis la loi Rilhac, que la FSU SNUipp continue de dénoncer et de combattre, les directeurs et directrices d’école se voient confier de plus en plus de missions qui ne relèvent pas de leurs compétences et qui surchargent encore plus leur quotidien, leur imposent des responsabilités croissantes sans aide administrative ni tout autre contrepartie.

– Si l’autorité fonctionnelle figure bien dans la loi “Rilhac”, aucun texte réglementaire ne définit son périmètre et la façon dont elle peut s’appliquer. Et surtout, elle ne confère pas d’autorité hiérarchique aux directrices et directeurs d’école. Ce glissement vers un rôle de contrôle pédagogique est non seulement injustifié légalement, mais aussi dangereux pour le collectif enseignant.

– A ce jour, suite notamment aux pressions syndicales, il n’y a aucun nouveau "référentiel métier" sur la direction d’école.

– L’article L912-1-A du Code de l’éducation est sans ambiguïté : la liberté pédagogique des enseignant·es est garantie, dans le respect des programmes, des instructions ministérielles et du projet d’école, sous le contrôle du corps d’inspection et de lui seul. Ce n’est donc pas aux directeurs et directrices de vérifier l’application des programmes.

– De même, l’évaluation des enseignant·es est de la compétence exclusive des IEN, qui sont les seul·es supérieur·es hiérarchiques des professeurs des écoles. Ce sont eux et elles qui apprécient la qualité de l’enseignement, y compris à travers l’observation directe des pratiques pédagogiques (article R241-19 du Code de l’éducation et circulaire du 29 août 2023).

– La présence des directeurs-trices d’école à l’occasion de ces visites ne peut donc se faire que sur la base que du volontariat.

– D’autant que bon nombre d’entre eux nous font aussi remonter qu’ils "ont autre chose à faire" et qu’ils ne sont pas demandeurs d’être présents lors de ces visites car cela équivaut aussi pour eux à une surcharge de travail et à jouer parfois un rôle qu’ils n’ont pas envie de jouer quand plus rien ne s’apparente à de "l’accompagnement."

– Nos collègues attendent de toutes autres mesures dont l’école a besoin : du temps pour les directions comme pour les équipes, un allègement significatif de leur travail, des emplois pérennes et statutaires d’aide administrative et au fonctionnement de l’école, une revalorisation salariale et un réel soutien de la hiérarchie.

– Nous avons besoin de formation, régulière et ambitieuse, qui croise toute la recherche sous formes d’allers et retours entre la pratique et la théorie. Nous avons besoin, non pas de directives, mais d’apports pour construire une relation pédagogique prenant en compte la diversité de nos élèves et de nous confronter à d’autres manières d’enseigner.

Nous en ferons état lors d’une prochaine audience auprès du Dasen.

Visites des classes dédoublées (GS, CP, CE1) : stop aux injonctions !

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