Débat dans les écoles : un futur alarmant

Le président de la République lance la généralisation de l’expérimentation marseillaise avec la mise en place de “grands débats”.

Il s’agit de la déclinaison dans l’éducation nationale du CNR (Conseil National de la Refondation). Il s’agit aussi de la généralisation du volet contractualisation de l’expérimentation marseillaise.

Cette “école du futur” est inquiétante parce ce qu’elle porte en elle la mise en concurrence entre les écoles, loin du nécessaire financement équitable et transparent.

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DANS LES ALPES MARITIMES, la Rectrice a organisé une visio, à l’attention des organisations syndicales, LUNDI 10 octobre à 17 h30 pour présenter ce "grand débat".... visio faite une fois l’envoi des informations dans les écoles et après avoir aussi reçu aussi les maires et les parents. Visiblement les organisations syndicales viennent après et en visio...(sic)

Le SNUipp et la FSU y ont fait une intervention ferme et déterminée puis ont quitté la séance ne souhaitant pas participer à une réunion vantant un dispositif "trompe l’oeil". LIRE LA DECLARATION

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Expérimentation marseillaise : où en est-on ?

– Cette expérimentation devait concerner 50 écoles de l’éducation prioritaire pour lesquelles les directrices et directeurs seraient en charge du recrutement de leurs adjoint-es et dont les équipes devraient produire un ""projet innovant" débouchant sur une contractualisation des moyens avec l’administration.

– Des moyens spécifiques ont été débloqués pour l’expérimentation : 2,5 millions d’euros pour financer les besoins matériels liés aux projets retenus, 1/4 de décharge supplémentaire par école pris sur les moyens en remplacement du département, 9 heures supplémentaires par enseignant-e engagé dans l’expérimentation, une Indemnité de Mission Particulière (IMP) de 1250 € par école, la part maximale de la prime REP+.

– Finalement, l’administration peinant à trouver 50 écoles volontaires en Éducation Prioritaire aura dû se résoudre à "recruter" au- delà. En ce qui concerne la réalisation des projets "innovants", il subsiste de nombreuses difficultés logistiques quant à la livraison du matériel. Les réunions supplémentaires pour les collègues concernés se seront multipliées et auront été finalement très peu compensées financièrement. S’agissant des projets eux-mêmes, rien de révolutionnaire : intervenant artistique, jardin partagé, fabriquer un livre, pratiquer de la musique... et des demandes de matériel pour classes flexibles.

– La mise en œuvre de l’expérimentation marseillaise n’est donc toujours pas achevée. Evidemment, aucun bilan, aucune évaluation n’en ont été faits. Cela n’a pas empêché le président Macron d’en annoncer les premiers effets positifs et sa généralisation dès cette rentrée dans le cadre du CNR et du "grand débat".

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Le "grand débat" késako

Le Président Macron a posé les principes d’une méthode visant à "donner plus d’espace et de liberté aux équipes pour créer dans leur école ou dans leur établissement une dynamique locale et collective de concertation autour de l’École, associant toutes les parties prenantes".
Selon les propos ministériels, il s’agit de permettre aux équipes de terrain d’expérimenter librement des dispositifs ou des évolutions dont elles pensent qu’elles seraient de nature à favoriser la réussite des élèves, nouvelle déclinaison des projets "innovants" de l’expérimentation marseillaise.

Concrètement, les projets seront élaborés par tout ou partie de l’équipe d’une école ou d’un regroupement d’écoles, uniquement sur la base du volontariat, au travers d’échanges (5 à 6 réunions annoncées) avec les parents d’élèves, les élus, voire au delà, partenaires associatifs, entreprises... Aucun cadre contraignant, une liberté totale, juste la publication d’un guide méthodologique ministériel.

Au niveau des moyens supplémentaires octroyés, le ministère a débloqué une enveloppe de 500 millions d’euros sur 5 ans (200 millions pour cette année scolaire). Les collègues concernés pourront être dispensés de 12 heures d’APC.

C’est le DASEN qui évaluera la pertinence et la cohérence des projets et qui, à la suite, distribuera la manne financière. Les projets retenus donneront lieu à modification ou réécriture des projets d’école.

CE N’EST PAS D’UN ENIEME DEBAT DONT LES ENSEIGNANTS ET LES PERSONNELS de l’Education Nationale ont besoin ! NI de paperasses massives et de dossiers à monter en tous genres pour "récompenser" les plus offrants en mettant en concurrence les écoles

MAIS bien de conditions de travail largement améliorées (baisse des effectifs, inclusion et Aesh, RASED complets et de partout, formation initiale et continue de qualité...) et des salaires à la hausse - et non des primes diverses favorisant encore la division - reconnaissant la vraie valeur professionnelle d’une profession qui s’épuise.

La notion de volontariat interroge : on peut imaginer la pression exercée par les parents, les élus et à laquelle seront soumises les équipes qui ne souhaiteront pas s’engager dans le dispositif, dispositif qui peut conforter par ailleurs une certaine ingérence des parents d’élèves dans la chose pédagogique, pouvant impliquer des comportement de familles sélectionnant les écoles aux "meilleurs" projets au détriment des autres et en particulier de celles restées en dehors du dispositif...

Contractualisation, clientélisme, mise en concurrence des écoles sont les marqueurs de ce dispositif qui institutionnalise un système scolaire s’éloignant encore un peu plus des valeurs républicaines d’égalité des citoyens devant leurs services publics et qui cherche à promouvoir toujours plus d’autonomie pour les écoles en augmentant le contrôle sur les pratiques enseignantes via les évaluations standardisées.

Dans le grand débat de Macron, pas de place pour les RASED, pour l’indispensable formation professionnelle, pour les AESH, pour la prise en charge des élèves en inclusion ou plus largement à besoins particuliers...!

Voir les docs du ministère